LETTRE ANNUELLE 2019

Publié le par AREHSAM

                                                                                                      Mananjary, le 13 janvier 2019

                                                                           

                    Chers amis,

 

 

                En ce dimanche 13 janvier d’une nouvelle année, le temps de Noël se termine avec la fête du Baptême du Seigneur ! Nous entrons dès demain dans le temps dit « ordinaire » pour les chrétiens qui n’est pas, pour autant, un temps de démobilisation, loin s’en faut ! Le temps qui nous est donné va être, en ce qui me concerne, un temps « extra-ordinaire » justement car je souhaite vivement que cette année 2019, après des années de labeur, voit enfin l’ouverture tant attendue de l’Hôpital Sainte-Anne. Je crois que cela devrait être ! Sur les sites de nos associations spécifiques à l’Hôpital, vous avez, peut-être, regardé le film de l’Hôpital vu du ciel (réalisation par drone de Serge Labadie de l’ADRAR) qui donne l’impression que c’est presque terminé. Oui, en ce qui concerne le « gros œuvre », c’est-à-dire l’ensemble des structures qui, une fois aménagées, permettra l’ouverture après un important travail de finitions que sont la pose de carrelage, la distribution électrique intérieure relativement complexe, la pose des différents sanitaires et, bien sûr, la mise en place de tout le matériel chirurgical et médical nécessaire. Tout cela va encore prendre du temps et n’est pas si simple ! Lorsque l’hôpital sera ouvert, nous n’en aurons pas pour autant terminé car il faudra construire le pôle mère/enfant avec une maternité, un service de gynécologie obstétrique et un autre de pédiatrie (tout cela sera traité en attendant dans les services de médecine et de chirurgie), la maison des religieuses soignantes et celle des coopérants pour le service comptable de l’hôpital. Ce film d’HSA vu du ciel présente l’important avantage (ce que ne font pas les photos) de montrer la configuration délicate de l’ensemble du terrain et les options prises dès le début du projet pour le rendre viable avec l’inconvénient de nous avoir pris quelques années. Pour un projet d’une telle ampleur qui veut s’inscrire dans la durée, il semble qu’il n’y eut pas d’autres solutions au risque de mettre en péril les infrastructures à venir.

Sur ma lettre de janvier 2018, j’avais envisagé l’hypothèse d’une ouverture pour ce tout début d’année. C’était compter sans les aléas de tous ordres qui, au fil des années, retardent l’échéance. On ne peut même pas s’en désoler puisqu’il est impossible de faire autrement. Il suffit d’être là, de ne pas perdre patience et de poursuivre inlassablement ! Ce que nous faisons et nous réjouir qu’il n’y ait pas eu de cyclones !

                L’absence de phénomènes climatiques majeurs nous a bien facilité la tâche pour terminer ce que nous avions prévu de faire : les 2 derniers pavillons, l’important bâtiment des garages/atelier/lingerie/logistique et le plus grand et imposant plateau technique avec ses 2 blocs opératoires et tous les services nécessaires pour leur fonctionnement. C’est le plus grand bâtiment de tout l’Hôpital. J’étais inquiet pour sa charpente car, avec l’expérience, je voyais et quel que soit le nombre de charpentiers, qu’il aurait bien fallu une année et demie voire deux pour la faire.  Un autre véritable souci que nos amis architectes, Evelyne et Jacques Péré, ont résolu en nous apportant l’aide d’une société de bois en Vendée à Saint-Florence, l’entreprise Piveteau qui nous a offert l’importante quantité de bois nécessaire et une autre, de fabrication de charpentes en Touraine, l’entreprise Boussiquet, dont le nouveau patron, monsieur Roullet avec trois de ses employés Loïc, Cyril et Grégoire l’a fabriqué un samedi matin… en 7 heures avec une machine et un logiciel à partir des cotes précises prises au mm près par Jean Noël, notre chef maçon. Il a suffi ensuite de l’envoyer par un container bien rempli par les bons soins, toujours, de nos amis d’ATM à Sars Poteries dans le Nord. Le résultat est impressionnant ! En un mois et demi, Yvan Chevallier, un jeune charpentier de Savoie, venu pour cela, l’a montée comme un mecano avec mes ouvriers. Touché par une telle amitié et très belle solidarité dans un esprit de simple gratuité par les temps qui courent, m’encourage vivement à le partager avec vous.

                Dans des lettres antérieures, j’aimais vous dire toutes les personnes de France et de La Réunion qui venaient nous prêter main forte toujours dans un même élan d’amitié et de solidarité et apporter leur savoir-faire pour des travaux pour lesquels nous ne trouvons pas les compétences sur place. Je ne le fais pas cette fois-ci tant le mouvement s’est amplifié. Pendant toute l’année passée, il y a eu quelqu’un venu de l’extérieur quasiment en permanence et cela continue jusqu’à maintenant.

            Le moment fort de l’année 2018 a été l’électrification de l’hôpital. Vous vous souvenez que nous sommes à 5 km de la ville de Mananjary et qu’il n’était pas possible de nous brancher sur le réseau qui, si cela avait possible, n’aurait pas pu nous donner l’énergie nécessaire avec des délestages et des pannes fréquents. Depuis 2012, le projet de production d’énergie et de sa distribution à tout l’hôpital avec Electriciens Sans Frontières est devenu réalité. Il aura encore fallu 2 missions d’ESF de plusieurs semaines de septembre à novembre pour mener à bien ce projet d’électrification. C’est fait ! Encore une étape considérable de franchie dans un pays où les problèmes d’énergie sont un problème permanent. Difficile ici, de dire la complexité de l’installation et la qualité à la fois du matériel fourni par nos amis d’ESF et de leurs compétences. Des moments de dur labeur mais aussi de franche amitié pour un projet qui ne laisse personne indifférent une fois la tâche terminée. Nous amis d’ESF avaient décidé qu’un tel site nécessitait un service d’incendie à la hauteur des installations sur l’ensemble de l’Hôpital. Ils nous ont envoyé le matériel de qualité depuis la France pour ce faire et viendront probablement en avril prochain pour finaliser l’installation. Il n’est pas aisé sur un courrier d’expliquer la complexité d’un projet dans sa phase terminale sinon de vous inviter une nouvelle fois à aller regarder nos sites et prendre ainsi la mesure de ce que nous faisons ensemble depuis des années et dont la concrétisation se profile enfin à l’horizon.

                Du 10 au 15 décembre, la Fondation Rotary de Chicago aux Etats Unis a dépêché un ambassadeur pour un audit. C’est la procédure normale et habituelle de la Fondation lorsque des fonds importants sont débloqués et dépassent un certain seuil. C’est le cas avec notre projet HSA puisque la Fondation avec le club Lafayette de Metz et celui d’Ivandry à Antananarivo, avait accepté le soutien de ces deux clubs Rotary pour financer l’appareil de radiologie numérique, les appareils de stérilisation, d’autres matériels pour le service de chirurgie et de médecine, tous les appareils de laboratoire, plus d’une quinzaine, qui nous permettront de faire les examens complets en bactériologie, biochimie, immunologie et sérologie sauf l’anatomo-pathologie qui est le dernier volet d’un laboratoire, complexe, qui engagerait l’Hôpital Sainte-Anne bien au-delà de ce qui est possible. Le laboratoire va ainsi permettre néanmoins à beaucoup de gens de ne plus avoir à aller à Fianarantsoa (près de 200 km) ou dans la capitale à 500 km. On comprend aisément le service ainsi rendu pour les plus pauvres sans aucun moyen et qui jusqu’ici ne pouvaient même pas imaginer avoir de tels examens. L’hôpital public de Mananjary qui a un laboratoire est limité dans les examens qu’il peut faire. Soucieux d’une franche collaboration entre le public et le privé (HSA) à laquelle nous réfléchissons déjà avec notre médecin inspecteur (représentant du ministre de la santé dans notre région) dans un esprit surtout pas de compétition ou de rivalité, nous mettons déjà tout en œuvre pour que le peuple en général voit ces différentes structures sanitaires comme un exemple de complémentarité pour le bien de tous. Rien n’est simple…mais j’ai plutôt bon espoir d’y arriver… dans le temps ! C’est le Dr Klaus, de nationalité allemande, pédiatre et urgentiste en pédiatrie, très engagé en Afrique, au Ghana qui est venu comme ambassadeur dépêché par la Fondation Rotary. Il était accompagné de son gendre, le Dr Bastian, chirurgien. Tout s’est, bien sûr, parfaitement passé tant ils étaient à l’aise en français. Nous avons passé beaucoup de temps sur le site HSA pour une visite « fouillée » des infrastructures et un approfondissement de la philosophie et la spiritualité du projet HSA, visite ensuite de l’hôpital public avec le médecin inspecteur, où tout le monde comprend, sans arrière-pensée, tant les besoins sont immenses qu’il ne peut y avoir d’esprit de concurrence. J’étais franchement heureux de cette visite qui, si elle était tout d’abord de travail, était tout aussi amicale. Pardonnez-moi ! Mais il faut le dire, j’ai vivement été encouragé et je pense pouvoir compter sur nos amis du Rotary pour que, une fois que l’hôpital fonctionnera, ils me soutiennent lorsque nous construirons le pôle mère/enfant.

                La Divine Providence faisant toujours magnifiquement les choses, nos amis médecins allemands étaient là lorsque l’entreprise de la capitale terminait l’installation de l’appareil de radiologie numérique et du laboratoire. Nous avons pu ainsi faire des essais en réel. La Patiente était la maman du chauffeur de l’évêque, ma cuisinière lorsque j’étais en brousse à Nosy-Varika. Joséphine a fait un AVC il y a 4 ou 5 ans avec perte de la parole et le côté droit paralysé. Elle est devenue complètement impotente à la suite d’une chute en avril 2018. La radiologie de l’hôpital publique fonctionne mal ou pas du tout comme en ce moment. La radiographie numérique d’HSA, confirmée par le Dr Bastian, notre ami chirurgien, montre que le col du fémur du côté paralysé est bien cassé. Moment d’émotion mais aussi de peine pour nous car cette dame souffre. Nous allons voir avec son fils ce que nous pouvons faire… sur Antsirabe (400 km) où un chirurgien orthopédiste pose des prothèses…

                Voilà, chers amis, tout cela nous encourage, ensemble, même s’il reste beaucoup à faire en cette année 2019 ! La moitié de l’installation des fluides médicaux, projet soutenu par nos amis de PHI Anjou (Pharmacie Humanitaire Internationale) est à moitié terminée comme la station d’épuration biologique de nos amis de l’Adrar (sans doute, la première à Madagascar). Un très gros travail devrait être engagé dans les prochaines semaines. Il s’agit de l’isolation par laine de verre et revêtement de placoplâtre de la moitié du plateau technique pour que les machines qui doivent climatiser, renouveler l’air et le mettre en surpression (les blocs opératoires et locaux dépendants) ne soient pas anormalement sollicitées dans la zone tropicale humide et chaude qui est la nôtre. Les matériaux qui sont à notre charge sont déjà sur place. Un don nous a également été fait de tissu de verre pour les murs et de la résine pour les sols puisque le carrelage est désormais prohibé en Europe pour lutter contre la prolifération des bactéries. L’année 2019 sera également lourde financièrement car ces machines « d’aseptisation » des blocs sont à notre charge et il nous faut être aux normes même si je vois qu’en certains lieux ici il n’en est pas ainsi. Un gros travail depuis octobre dernier avec Jacques Péré, notre ami architecte, puisque d’un devis de 192 000 euros, nous avons pu faire baisser la facture à 105 000 euros pour des machines de qualité fabriquées en France et qui seront montées par leur filiale qui se trouve ici dans la capitale.

                Il me reste, chers amis, à vous dire combien je vous suis redevable car sans vous, nous ne pourrions rien faire et sans doute pas mener à bien ce beau projet. Alors, encore une fois, Merci de votre générosité et de votre amitié ! Me sentir ainsi soutenu, la solitude de certains jours est acceptable et me fait être à la tâche inlassablement chaque jour et fidèlement comme vous pour le projet qui est devenu le nôtre à tous !  Je vous souhaite une belle et bonne année même si des « turbulences » toujours plus violentes agitent le monde, notre pays la France…et Madagascar d’autres manières ! Jean Yves

 

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